La lutte BVD poursuit son cours efficacement, avec 99 % du cheptel wallon indemne …
Mais quel est le dernier obstacle à franchir pour obtenir le statut national indemne ?
Selon les chiffres issus du rapport d’activités 2022 de l’ARSIA ( graphique 1 ), l’incidence de la BVD est basse à la naissance, avec toutefois quelques pics. 99 % de bovins sont ainsi certifiés « Non IPI ».
En réalité, pour être reconnu indemne à l’échelon national et au vu des conditions requises pour l’être au niveau européen (voir encadré), un dernier effort s’impose… Objectif ? Ne plus faire naître d’IPI sur notre territoire et atteindre une majorité quasi absolue de troupeaux indemnes.
Critères établis par l’UE pour l’octroi du statut indemne de BVD à un pays :
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Pour quelles raisons un troupeau perd-il son statut indemne ?
Depuis l’automne 2017, la qualification « indemne de BVD » peut être attribuée à un troupeau qui, au cours des 12 derniers mois, n’a hébergé que des bovins certifiés « non IPI » et n’a obtenu aucun résultat virologique « non négatif ».
Et dès novembre 2017, les premières pertes de statut indemne étaient enregistrées… Depuis lors, la proportion de pertes de statut a diminué pour passer de 0,74 % en 2018 ( soit 59 troupeaux ) à 0,18 % en 2022 ( soit 15 troupeaux ). Mais des infections ont encore été détectées dans des troupeaux indemnes début 2023 !
Le graphique 3 précise la répartition des troupeaux ayant perdu leur statut indemne de BVD selon la cause.
Naissance d’un IPI : LA raison principale de perte du statut indemne
Exemple : un troupeau ayant eu une série d’IPI avait recouvré finalement son statut indemne. Mais 10 jours plus tard, un nouvel IPI y naissait. Et le vétérinaire du troupeau de dire malicieusement : « Je me suis bien dit que vous alliez vite en besogne pour réattribuer un statut indemne ! ». Mais c’est bien ce qui est prévu dans la législation actuelle !
Par contre, selon la législation européenne, la période évaluée lors de l’attribution du statut indemne de BVD à un troupeau est de 18 mois et non 12. Force est de constater que ce point nécessitera d’être adapté dans notre prochaine législation BVD.
Un résultat virologique non négatif
C’est-à-dire un avorton positif ou une virémie transitoire que ce soit à la naissance, à l’achat, à l’importation ou avant concours ; le virus de la BVD est bel et bien entré dans ces troupeaux.
Monitoring sérologique défavorable
Il s’agit de 6 troupeaux ayant opté pour le monitoring sérologique annuel. Plusieurs jeunes bovins se sont révélés positifs, laissant penser que le virus de la BVD avait circulé au sein du troupeau, comme lorsqu’un IPI naît par exemple. Tous les veaux nés l’année précédente et non testés ont donc dû l’être. Et le dépistage systématique à la naissance a été repris pendant 1 an minimum. Seul un veau IPI né 2 mois avant le monitoring sérologique a été détecté dans un atelier d’engraissement de veaux.
Notons qu’au cours de la campagne hivernale 2022-2023, tous les monitorings sérologiques se sont avérés négatifs.
Foyers d’antan, foyers d’aujourd’hui
En 2015, année de démarrage de la lutte BVD, près de 10 % des troupeaux naisseurs ont vu naître au moins un IPI. Ce qui leur a valu le qualificatif de « foyer ». En 2022, ils ne sont plus que 0,3 %.
Mais les foyers actuels ne sont pas les foyers de 2015 parce que le contexte du BVDv a changé ! En 2015, seulement 2 foyers sur 10 ont été confrontés à la naissance de plus de 5 IPI alors qu’en 2022, plus de 3 foyers sur 10 ont vu naitre plus de 5 IPI.
Il est donc probable que de nombreux foyers détectés en 2015 n’étaient pas la conséquence d’une infection récente ; ces troupeaux avaient dès lors acquis une « certaine » immunité à force d’abriter des IPI sans le savoir. Dans ce contexte, peu de femelles donnent naissance à un IPI même si elles sont infectées par le virus de la BVD en début de gestation. C’est en partie pour cela que la vaccination des troupeaux foyers n’était pas conseillée à l’époque, l’autre raison étant qu’il fallait d’abord tester tous les bovins non certifiés du cheptel ( majoritaires à l’époque ) afin de pouvoir éliminer les éventuels IPI présents qui auraient pu mettre à mal l’efficacité de la vaccination. En effet, la présence d’un IPI engendre d’office des naissances ponctuelles d’IPI, tant ces bovins excrètent des virus en permanence dans toutes leurs sécrétions.
Actuellement, les foyers sont pour beaucoup des troupeaux indemnes depuis le début de la lutte. L’immunité vis-à-vis du virus y est donc quasi inexistante. C’est pourquoi la vaccination du cheptel reproducteur des troupeaux indemnes est vivement conseillée afin de protéger les femelles en début de gestation. En cas de contact avec le virus, l’absence de vaccination dans les troupeaux indemnes a pour conséquence la création de « super » foyers où de nombreux IPI naissent ( jusqu’à 70 ! ).
Par ailleurs, il est important de noter que les troupeaux qui ont fait naître des dizaines d’IPI ne l’ont pas fait d’un bloc : il s’agit de vagues de naissances d’IPI successives pouvant parfois s’étaler sur 2 voire 3 ans. A croire que le virus n’avait pas fait le tour complet du troupeau à son arrivée ! Face à ce constat, il semble judicieux de vacciner les femelles à mettre au taureau ou à l’insémination dans les foyers actuels afin de couper court au plus vite à ce cycle infernal de naissances d’IPI.
Future législation BVD : prenez les devants
Les IPI sont et resteront toujours le réservoir du virus de la BVD. Les foyers sont et resteront donc toujours les sources de nouvelles contaminations.
La lutte dans sa forme actuelle a permis d’assainir très fortement le cheptel belge mais n’est pas suffisante pour éviter de nouveaux (super) foyers.
Par conséquent, une future (mais proche !) législation BVD prévoyant des mesures plus contraignantes et restrictives aux troupeaux foyers et infectés est en préparation : vaccination du cheptel reproducteur, interdiction de commercialisation des femelles de plus de 14 mois (en âge de vêler un potentiel IPI chez l’acheteur), accès limité au bâtiment et mesures d’hygiène à la sortie,…
Si votre troupeau est indemne et que vous ne voulez pas voir ces futures mesures vous être imposées en cas de naissance d’un IPI, nous ne pouvons qu’hautement vous recommander de vacciner vos vaches reproductrices avant leur gestation.
L’équipe vétérinaire de l’ARSIA reste à votre écoute, n’hésitez pas à la contacter pour toute question.