L’herpèsvirus bovin 4 ( BoHV-4 ) est un virus largement étudié depuis plus de 50 ans; il n’est pas transmissible à l’homme mais est très contagieux chez les bovins. Il appartient à la sous-famille des gammaherpèsvirus, il est donc fort différent de 3 autres herpèsvirus bovins bien connus qui appartiennent à la sous-famille des alphaherpèsvirus. Ces derniers sont le BoHV-1 (responsable de l’IBR ), le BoHV-2 ( responsable de la mammilite herpétique bovine ) et le BoHV-5 ( responsable de l’encéphalite infectieuse bovine ). A l’instar des autres herpèsvirus, il est sensible aux désinfectants et peu résistant dans l’environnement. Parce qu’il est capable d’entrer en phase de latence, les bovins infectés le sont donc « à vie » ; il peut ensuite être réactivé lors de stress ou de traitement à base de corticoïdes. Par contre, étant donné qu’il ne provient pas de la même sous-famille, le BoHV-4 est fort différent de son cousin le plus connu, le BoHV-1. Il n’y a dès lors pas de réaction croisée avec les tests IBR ELISA Ac et aucune protection croisée suite à la vaccination IBR.
Pourquoi en parle-t-on autant aujourd’hui ?
Ce virus a été isolé, dans le monde entier, sur des bovins sains ou atteints de pathologies diverses :
- oculaires et respiratoires ( conjonctivite, rhinite, trachéite, pneumonie, … )
- génitales ( orchite, épididymite, vaginite, avortement, métrite, mammite, … )
- cutanées ( dermite aiguë pustuleuse mammaire, dermite interdigitée, … )
- digestives ( glossite, entérite, … )
Son impact en reproduction bovine semble indéniable, des études récentes ont recadré son rôle lors de ces phénomènes pathologiques. Le BoHV-4 est fréquemment mis en évidence sur les avortements bovins comme le montre la figure 1. Même si le nombre de fœtus testés a fortement diminué, le taux de mise en évidence par PCR reste élevé avec une moyenne d’environ 4 % et une répartition uniforme sur le territoire belge avec au moins 15 % d’exploitations exposées au virus ( figure 2 ). Dans le cadre de nos analyses, il est recherché lors d’avortements en série sans cause identifiée.
Comment l’identifier chez les bovins ?
Deux méthodes diagnostic sont utilisées en routine à l’ARSIA. Le diagnostic de certitude exige la réalisation d’un test PCR. Le test sérologique ELISA permet, quant à lui, la mise en évidence des anticorps et prouve l’exposition de l’animal au virus. Ce test peut être réalisé en sérologie couplée afin d’identifier une séroconversion, signe d’une infection récente.
Quel rôle joue-t-il en reproduction bovine ?
Ce virus a un effet cytopathique, ce qui se traduit par la mort programmée des cellules infectées. Comme précisé ci-dessus, le BoHV-4 est capable d’entrer en phase de latence. Plusieurs études plaident en faveur d’une latence virale au sein des « globules blancs ».
Prenons l’exemple d’une vache fraichement vêlée. Le tractus utérin est, peu après le vêlage, naturellement contaminé par des bactéries environnementales. La présence de ces bactéries entraine la synthèse de protéines inflammatoires lesquelles recrutent des globules blancs et les concentrent vers l’utérus. Tout ceci est physiologique et normal … mais si l’animal est préalablement infecté par le BoHV-4, ces mêmes globules blancs en sont porteurs et acheminent littéralement le virus dans l’utérus. De plus, il est réactivé, sa multiplication virale étant stimulée par le processus inflammatoire en cours ! En d’autres termes, on fait rentrer le loup dans la bergerie et on le stimule à faire plus de dégâts. Le virus se multiplie alors au sein de l’utérus y entrainant une métrite.
Qu’il s’agisse de métrites, de mammites ou d’avortements, ce même mécanisme se répète, un cercle vicieux s’établit avec pour conséquence une aggravation de l’inflammation. Des études montrent que le BoHV-4 peut également augmenter la gravité et la durée d’une mammite initialement bactérienne. A la lumière des dernières études scientifiques, il est davantage considéré comme un cofacteur de l’inflammation, tel un membre actif d’une association de malfaiteurs.
Que faire ?
Actuellement, aucun vaccin ciblé contre le BoHV-4 n’est disponible. Le traitement consiste donc uniquement en un traitement symptomatique dont votre vétérinaire estimera la nécessité. L’utilisation de probiotiques ( Lactobacillus, etc. ) a montré des résultats encourageants dans la régulation de l’inflammation utérine.
Par ailleurs, il reste opportun de mettre en place des mesures prophylactiques en vue d’améliorer l’hygiène des locaux et de diminuer les risques de contamination des animaux encore naïfs. Une des mesures clés est d’isoler au plus vite les animaux atteints de métrites ou ayant avorté, afin d’éviter l’infection d’autres animaux.
Que faire en cas d’avortement ?Dès le premier cas et sans tarder, contacter votre vétérinaire d’épidémiosurveillance et contacter l’ARSIA pour demander le passage gratuit de la camionnette si le transport de l’avorton est nécessaire.
En déclarant vos avortements, vous nous aidez à assurer une vigilance collective et nous vous aidons à en élucider la cause, sans frais de ramassage et de laboratoire. Protéger vos bovins, c’est aussi vous protéger en mettant en évidence de nombreuses maladies transmissibles à l’homme ! |