Proposées par l’ARSIA aux éleveuses et éleveurs wallons, ces traditionnelles rencontres annuelles se sont récemment déroulées en février et mars.
Objectifs ?
Vous tenir informé.e.s des actualités liées à la traçabilité et à la santé animales, mais aussi recueillir vos avis et témoignages afin d’optimaliser nos services à l’élevage. Elle se sont cette année tenues aux … ‘cinq’ coins de la Wallonie, successivement à Ciney, Virton, Froidchapelle, Tourpes et Battice.
Au total, en présentiel ou en visioconférence, près de 300 éleveuses et éleveurs y ont assisté. L’ARSIA les remercie pour leur participation.
A l’ARSIA, 2025 se déroulera sous le signe de la traçabilité, thème retenu à cette occasion pour ces Rendez-vous et couplé à celui de la lutte contre l’IBR, dont la réussite dépend des améliorations importantes et essentielles prévues sur le suivi des déplacements de nos bovins. Pour votre bonne information, en voici un compte rendu ci-après.
Lutte IBR : pas de suivi en temps réel, adieu le statut officiel !
La position de l’ARSIA« une refonte du système et de la législation identification et enregistrement s’impose »… pour :
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Jean-Yves HOUTAIN, Directeur du département Epidémiologie et Encadrement sanitaire, a présenté et commenté les difficultés de mener à terme la lutte IBR, liées au système de traçabilité tel qu’ il est conçu actuellement en Belgique et indépendamment des récents cas de recrudescence des cas.
99,8 % des établissements doivent obtenir un statut indemne d’IBR …
Dans la législation relative à l’identification et à l’enregistrement, tout endroit où des bovins séjournent ou transitent est appelé « établissement ». Il y a donc différents types d’établissements. En tant qu’éleveurs, vos étables, hangars, et prairies constituent votre établissement au sein duquel sont hébergés les bovins de votre troupeau. A côté de ces établissements dits « conventionnels », il y a les étables de négoce et les centres de rassemblement, pour lesquels un statut « indemne d’IBR » devra un jour également être attribué.
Une étable de négoce est un établissement dédié au commerce dans lequel des bovins peuvent séjourner maximum 30 jours avant d’être soit envoyés vers un troupeau ( d’élevage ou d’engraissement ), soit être exportés, soit être conduits à l’abattoir. L’étable ne doit pas obligatoirement être vidée à intervalle régulier afin d’être désinfectée. Des animaux peuvent donc y être introduits et d’autres en sortir en continu pour autant que ces entrées et ces sorties soient enregistrées dans SANITEL.
Les centres de rassemblement sont des établissements dans lesquels des animaux séjournent de manière temporaire ( jusqu’à 7 jours ), avec enregistrement à l’entrée et à la sortie mais ils ne sont pas en permanence remplis. Les animaux partis, le centre doit être nettoyé et désinfecté. Les marchés aux bestiaux (Ciney, Battice, … ) sont des établissements de type « centre de rassemblement ».
Actuellement, le système SANITEL prévoit l’attribution d’un statut sanitaire au troupeau voire à l’animal, mais pas encore à l’échelon de tous les types d'établissements.
L’attribution et le maintien d’un statut IBR à ces établissements dits « non conventionnels » ne pourra de toute façon pas se faire via des prises de sang comme pour les troupeaux.
L’attribution d’un statut IBR basé sur le statut du troupeau d’origine des bovins qui entrent dans ces établissements aurait été une piste. La question est de s’assurer que le statut « indemne d’IBR » dont le bovin hérite à la sortie de son troupeau d’origine ne soit pas compromis par les nombreux contacts qu’il aura dans les moyens de transports et dans les différents établissements dédiés au négoce ...
Transit à haut risque !
Un bovin, I4, part d’une exploitation, va en étable de négoce, puis au marché, puis dans une autre étable de négoce, pour finalement arriver chez son acheteur. « Pendant cette période de transit, il faut être très optimiste pour qu’il ne se produise aucune infection et qu’il soit toujours I4… », commente Jean-Yves Houtain. En tout cas, le statut sanitaire n’a plus de valeur biologique. C’est pourquoi on impose actuellement une quarantaine et deux prises de sang chez l’acheteur.
Dès l’infection d’un bovin par le virus de l’IBR, il excrète de grandes quantités virales après 3 à 4 jours. Puis l’animal guérit, après avoir présenté ( ou non ) quelques symptômes mineurs et devient porteur latent. Au moindre stress ( transport, par exemple… ) il y a réactivation et réexcrétion virales.
« Dans une étable de négoce, l’entrée d’un porteur latent, un seul, ce sont très vite des dizaines d’animaux infectés à la sortie… ». Jusqu’à ce qu’un test à l’achat révèle la contamination que l’ARSIA peut ensuite retracer sur base des mouvements de l’animal infecté, malheureusement acheté par éleveur.
Trous de traçabilité
Tant qu’on aura des troupeaux infectés, le risque existe. Comment alors bloquer la source de la contamination de manière précoce ? En détectant un contact avec un bovin gE+ dans le camion ou plus loin dans l’étable de négoce. Problème : actuellement, premièrement on n’a pas de traçabilité en ce qui concerne les transports ( une solution est toutefois annoncée ( voir plus loin ) et deuxièmement, même si on l’avait, on ne pourra pas bloquer les animaux qui auront été mis en contact avec le bovin infecté puisque les « documents de circulation » PAPIER de ces bovins, devenus dangereux, permettent au négociant de livrer ceux-ci à n’importe quel troupeau.
La législation n’est pas toujours respectée : des bovins disparaissent parfois des radars pendant de longues périodes entre la sortie d’un établissement A et l’entrée dans un établissement B… Actuellement, vu l’absence de centralisation des registres de transport, des intervalles de plusieurs heures entre 2 établissements sont normaux, mais des trous de plusieurs jours, semaines, voire de plusieurs mois, ne devraient en théorie pas exister !
Et pourtant, en réalité, cela se produit bel et bien comme l’ont montré les 2 exemples de bovins récemment détectés infectés lors des prises de sang d’achat, bovins ayant tous les 2 « disparus des radars » pendant plusieurs jours dont l’un pendant près de 280 jours !
Une refonte du système s’impose
Suite aux trop nombreuses et récentes recrudescences de pertes de statut, des enquêtes vont être menées par l’AFSCA. « Ce n'est pas dans les missions de l’ARSIA de le faire et surtout ni le système ni la législation « identification et enregistrement » ne prévoient de leviers d'action puisque le système est basé sur le « papier ». La centralisation des registres de transport grâce à BEEFMOVE ( voir plus loin ) et le passage à une dématérialisation complète des documents sont les seules solutions pertinentes.
Et, à ce jour, le mieux reste la prévention : éviter d’introduire de nouveaux bovins dans son élevage !
État des lieux de la lutte IBREn termes de répartition des troupeaux wallons actifs selon leurs statuts, le constat très positif est que 60 % des troupeaux sont indemnes gB et 37 % troupeaux sont indemnes gE. Au regard de la Loi de santé animale, il faut toutefois atteindre 99,8% pour 2027. Qui sont les 4 % manquants ? 1,3 % de troupeaux n’ont plus d’animaux infectés gE+, mais n’ont pas encore fait tous les bilans nécessaires pour recevoir le statut indemne. A cela s’ajoutent des troupeaux gE+ dans les cheptels d’engraissement, soit 1,53 % des cheptels wallons. Ils reçoivent le statut I2 parce qu’ils ne font pas de tests à l’achat. La situation en Flandres est un peu moins favorable, non parce qu’ils travaillent moins bien que nous, mais parce qu’ ils détiennent plus de cheptels d’engraissement, notamment de veaux. Si des pertes sont liées aux étables de négoce, d’autres le sont aux achats. On a ainsi détecté plus de 200 bovins positifs à la première prise de sang et 149 à la seconde, au cours du 4ème trimestre 2024. Et déjà 35 en janvier 2025. Est-ce lié à l’élimination de tous les gE+ qui devaient l’être avant le 31décembre... ? C’est probable. Quant aux concours, il est clair que tout rassemblement d’animaux est un risque. Le délai a d’ailleurs été raccourci entre une manifestation et la première prise de sang au retour de l’animal dans on élevage. |
Beef Move : simplification administrative et sécurité sanitaire !
Marie-Laurence SEMAILLE, Directrice du département Traçabilité, a présenté les grands principes de la nouvelle application pour smartphone « Beef move », qui sera mise en service dans le courant du mois de juin 2025 !
L’ARSIA développe en effet des applications mobiles pour simplifier les tâches administratives et faciliter les échanges bovins entre les différents intervenants (éleveurs, négociants, marchés, centres de rassemblement, vétérinaire ). Conçue par l’ARSIA et la DGZ, l’application nationale Beef move en est un bel exemple. Le principe est d’une part de transmettre au marchand le Document de Circulation ( DC ) sous forme dématérialisée mais aussi d’autre part, de s’assurer qu’il n’ait aucun trou de traçabilité durant les transports.
Beef move, mode d’emploi
A l’aide de son application CERISE mobile, l’éleveur va initier une opération de vente de quelques animaux. Il peut sélectionner des bovins à partir de son inventaire de troupeau global ou encore via une liste d’animaux qu’il aura constituée à l’avance dans un lot plus réduit. Il choisit ensuite le négociant à qui il souhaite confier ses animaux ou directement l’éleveur avec qui il commerce sans intermédiaire.
L’éleveur peut ensuite visualiser le résumé de sa vente. En validant cette étape, il permet à l’application d’envoyer une notification sur le smartphone du destinataire choisi au départ.
Dans son application Beef move, le négociant ou l’éleveur acheteur reçoit l’annonce de l’achat et en visualise clairement le contenu. En accusant réception, il accède au relevé détaillé de la transaction, duquel il peut au besoin retirer l’un ou l’autre animal qui ne conviendrait pas. Ensuite par le biais de l’icône de demande de transport dans le menu principal, le négociant va pouvoir directement planifier le transport, en indiquant la destination souhaitée pour les bovins et en désignant un transporteur de son choix parmi ses favoris préenregistrés.
Cette application permet aussi au négociant d’organiser des chargements de bovins qu’il héberge dans son établissement de négoce. Le détail de cette demande comprenant déjà la liste préenregistrée des bovins à transporter fait partie intégrante de cette demande de transport et est transmise automatiquement à l’application Beef move du smartphone ou de la tablette du transporteur, dès que le négociant valide définitivement sa demande de transport. Le transporteur peut alors organiser son travail et procéder au chargement le moment venu. Le chargement vérifié, le transport peut alors se dérouler sans encombre jusqu’à la destination finale.
L’entrée peut être facilitée si l’information du contenu du camion est transmise électroniquement par l’application à l’arrivée, au guichet du marché ou même avant, lors du transport. Le transporteur peut alors procéder au déchargement des bovins et ne pas s’inquiéter de devoir encore remplir des documents administratifs, puisque son registre de transport est déjà parfaitement complété.
Quelques précisions complémentaires à Beef Move
- Objectif dématérialisation : il ne faut plus imprimer les DC à la ferme !
- Il est toujours possible de travailler avec les documents papier.
- Le prix des bovins peut être indiqué à titre indicatif.
- Il s’agit d’une déclaration de vente, qui a donc été conclue avec le négociant.
- Éleveur ou négociant, il est toujours possible de retirer des animaux d’un lot.
RappelLes producteurs peuvent se connecter à CERISE et activer le partage de données d’abattage « CW3C » comme suit :
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