FCO & MHE – Réponses à vos questions les plus fréquentes

Rappel

FCO-3, FCO-8 et MHE sont trois maladies virales émergentes, aux caractéristiques communes. Les virus responsables appartiennent au genre Orbivirus. Elles sont vectorielles et transmises par le même vecteur, le moucheron piqueur « culicoïde ». Elles sont donc liées aux conditions météorologiques : température et vents dominants. Strictement animales, elles n’affectent pas l’être humain et n’ont aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées issues des animaux malades : viande, lait, etc.

Quelle est l’évolution de la situation FCO-3 en Wallonie ?

Selon les données de l’ARSIA, dès le mois d’août, le nombre d’autopsies de moutons et de veaux ainsi que le nombre d’avortements a fortement augmenté par rapport à une saison «normale». Le nombre d’autopsies de fœtus bovins a été multiplié par 5 par rapport à 2023. En novembre, il était encore supérieur à la normale mais nettement moins marqué qu’en août et septembre.
Le taux d’anomalies congénitales parmi les avortons bovins, à savoir l’hydrocéphalie, tend à diminuer même s’il reste encore très élevé.
Entre le 1er juillet et début novembre 2024, 2 942 troupeaux présentaient au moins 1 résultat FCO-3 PCR positif ( 2 479 bovins, 436 ovins, 18 caprins, 4 alpagas ).

A ce jour, des signes de FCO sont-ils encore observables en ferme ?

C’est très peu probable, compte tenu d’une certaine immunité naturelle développée suite à l’épidémie et du retour du froid. Par contre, des épisodes de troubles respiratoires, digestifs ou encore locomoteurs, liés à d’autres pathogènes, apparaissent déjà ou vont se multiplier dans les semaines à venir, conséquences de l’affaiblissement de l’état général et de l’immunité des animaux, malmenés par la FCO. Ce sont hélas des suites potentielles de l’épidémie et déjà observables dans nos troupeaux.

En 2025, peut-on prédire l’impact qu’aura la FCO-3 ?

Selon les données et expériences néerlandaises et françaises, en termes d’immunité collective, une chose est sûre : l’immunité naturelle seule, ne va pas nous sauver.
Primo, la vaccination n’a pas été un succès, et donc la couverture vaccinale est faible. Secundo, on pourrait penser, au vu des cartes publiées par Sciensano, que le nuage de culicoïdes est passé sur tout le territoire belge, et qu’avec lui s’est généralisée l’immunité naturelle dans la quasi-totalité des cheptels. Certes, le futur « tableau FCO » devrait être moins agressif. Mais on a par ailleurs constaté qu’au sein même des troupeaux, le délai entre l’observation du premier animal cliniquement atteint et le dernier était parfois très long, jusqu’à plus de 4 semaines. Il faut donc beaucoup de temps pour obtenir une dissémination complète du virus. Des animaux malades l’ont peut-être été … alors que diminuait l’activité du moucheron. Dès lors, des lots d’animaux au sein même des troupeaux ont pu être épargnés et restent donc naïfs envers la maladie contrairement à leurs congénères infectés … et resteront sensibles en 2025 !
Enfin, une première étude néerlandaise a montré que la séroprévalence « post infection » atteignait à peine 31 % des moutons. 2 animaux sur 3 restent donc sensibles !

L’état général des animaux joue-t-il un rôle ?

Il apparaît clairement que la sévérité du tableau clinique est corrélée à l’état général des animaux concernés. La présence d’autres maladies, une alimentation inadéquate, une carence en oligo-éléments doivent être considérés comme des facteurs de risque. Booster l’immunité de ses animaux prévaut donc, avec l’avis du vétérinaire d’exploitation..

Voit-on moins de cas chez les animaux tenus à l’étable ?

Pour la FCO-8, des études ont montré que le maintien à l’intérieur n’avait pas d’effet protecteur. Et il existe de nombreux exemples de lots atteints de FCO-3, en bâtiment. Toutefois, le tableau clinique semble plus léger, ce que rapportent également les Pays-Bas. Ceci peut être lié à un nombre moins important de piqûres de culicoïdes, moins abondants en bâtiment qu’en extérieur.

Jusqu’à quand le culicoïde est-il actif, en termes de saisonnalité ?

Son activité est significative entre 13°C et 35°C ( Braverman & Chechik, 1996 ), même si ces limites varient en fonction des espèces de culicoïdes. Et en effet, selon des études, des culicoïdes « actifs » ont été décelés dans des étables, en hiver, à la température de 7°c … La reprise d’activité vectorielle en Belgique est prévue en mai/juin.

A ce jour, qu’est-il recommandé en termes de vaccination ?

Depuis la communication du Ministre Clarinval, laquelle rend la vaccination obligatoire de tous les animaux ( FCO-3, FCO-8 et MHE-8 chez les bovins, FCO-3, FCO-8 chez les ovins ) il n’y a à ce jour aucun protocole officiel établi, lequel relève du SPF Santé publique. Dans tous les cas, mieux vaut attendre 2025 pour en connaître les tenant et aboutissants.
Les acteurs de terrain ont émis pour leur part des propositions, à savoir l’obligation de vacciner, oui, mais uniquement les bêtes de reproduction et d’élevage, pour des raisons financières, logistiques et scientifiques. En effet, des jeunes bêtes tôt abattues ne représentent pas de risque en termes de risque de réservoir viral.

Par contre, les nombreux moutons des propriétaires amateurs le sont ! Leur vaccination devrait rejoindre la démarche obligatoire qui se veut collective et citoyenne.
Si l’on souhaite vacciner ses jeunes bovins, retenons que les veaux sont sous la protection colostrale de la mère ( infectée ou vaccinée en 2024 ) jusqu’à l’âge de 2-3 mois.
Les injections doivent être séparées en termes de sites d’injection ( pas de mélange dans la même seringue ! ) mais peuvent être regroupées le même jour, avec au besoin un rappel après 3 à 4 semaines, selon le protocole qui sera établi.

Dans tous les cas, les injections devront avoir été administrées avant la mise en pâture, en tenant compte d’un délai estimé entre 15 à 28 jours pour que l’immunité vaccinale soit acquise. Pratiquement, programmez la fin de la vaccination au plus tard 1 mois avant la reprise de l’activité vectorielle, prévue quant à elle début mai. Donc finalisez la vaccination fin mars, début avril…Elle peut par ailleurs être entreprise dès la communication du plan proposé par le SPF, dans la mesure des disponibilités des vaccins.

Est-ce que la vaccination est risquée, si elle concerne un animal infecté ?

Les 3 vaccins disponibles sont « inactivés », c’est-à-dire que le virus est tué et ne peut rendre l’animal malade. A part les effets secondaires classiques de toute vaccination ( pic de température limité dans le temps, réaction inflammatoire au lieu d’injection ), il n’y a pas de risque de vacciner un animal infecté.
Par ailleurs, aucune donnée significative ne relève le risque de vaccination chez les animaux en gestation, excepté, la réticence à « manipuler » et donc stresser des brebis gestantes. Si on peut vacciner hors période de vêlage, c’est mieux. Mais si la gestation coïncide avec la reprise d’activité du moucheron, il y a là un rapport coût/bénéfice évident, au vu des dégâts liés à la FCO.

Hormis le vaccin, y a-t-il d’autres moyens de prévention ?

La vaccination des ruminants est le seul outil de prévention efficace vis-à-vis des 3 maladies. En outre, le vaccin a toujours été présenté comme un outil de diminution du risque de mortalité et d’agressivité du tableau clinique. Il n’a jamais été dit que le vaccin empêchait la maladie. C’est une nuance importante.
Chiffre édifiant, dans les troupeaux ovins vaccinés « à temps », de premières estimations révèlent un taux de létalité très faible, de 4%, alors qu’il était de 71 % sans vaccination.
Déjà évoqué plus haut, un « effet bâtiment » protecteur a été observé par certains éleveurs, avec très peu de cas cliniques sur leurs animaux restés à l’intérieur.
Autre tendance observée sur le terrain, des moutons non tondus ont présenté moins de signes, voire aucun.
Très peu préconisé, sinon dans le cadre du commerce des animaux, l’usage d’insecticides est trop peu efficace et doit pour l’être à ce point répété qu’il en impacte lourdement tant le portefeuille que la biodiversité.

Combien de temps dure l’immunité vaccinale ?

Si pour la FCO-8, dont le vaccin est bien connu, la protection vaccinale est estimée à 18 à 36 mois, pour la FCO-3 et la MHE-8, il est bien trop tôt pour le savoir.

En FCO-3, comment savoir quel animal vacciner dans un troupeau ?

Pour le savoir le plus précisément possible, on peut certes toujours faire une photo sérologique du troupeau entier… Mais quelle logistique et quel coût ! On partirait plutôt du postulat que si dans son troupeau, il y a eu des cas cliniques, peu importe le nombre, le troupeau a été exposé à la maladie et une seule dose de rappel serait admise. Si vaccination volontaire il y a eu, idem. Toutefois, il ne sera pas bien entendu interdit de réaliser une vaccination complète, pour les éleveurs qui souhaitent apporter une protection maximale à leur cheptel ! Mais, un fois de plus, le secteur attend le protocole obligatoire du SPF.

Quelle disponibilité des vaccins à ce jour ?

  • MHE-8 : a reçu une ATU ( Autorisation temporaire d’usage ) et est disponible chez les grossistes pour la fin du mois de novembre.
  • FCO-3 : a reçu une ATU, avec réapprovisionnement des stocks attendu, à ce jour.
  • FCO-8 : a reçu une AMM ( Autorisation de Mise sur le Marché ).

Le seul problème potentiel est la rupture de stock.

Pourquoi l’encodage des vaccinations par le vétérinaire est-il important, quelle que soit l’espèce ?

Parce que la surveillance de ces 3 maladies reposera précisément sur ces informations. Pour entre autres suivre l’évolution de la FCO et recouvrer à terme le statut indemne, est en effet réalisé le winterscreening annuel pour lequel ne sont sélectionnés que les troupeaux qui n’ont pas été vaccinés, afin d’identifier d’éventuels anticorps « naturels ».

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