Qu’est-ce que la Fièvre Q ?
Cette maladie a été décrite chez l’homme pour la première fois en 1935 suite à une épidémie de cas de fièvres « inexpliquées » parmi les ouvriers d’un abattoir en Australie. La bactérie responsable ( Coxiella burnetii ) a pu alors être identifiée à partir de prélèvements chez les ouvriers atteints. Elle a fait l’objet d’un regain d’attention dans les médias et auprès des autorités sanitaires en 2009, suite à l’épidémie de fièvre Q survenue aux Pays-Bas, responsable de plusieurs milliers de cas et de plusieurs décès au sein des communautés de personnes habitant à proximité de grands élevages de chèvres laitières.
Et chez les bovins ?
Les ruminants domestiques constituent le réservoir principal de la bactérie, ce pourquoi son importance en élevage bovin est indiscutable.
Si la maladie passe souvent inaperçue ( > 90 % cas ), elle est loin d’être anecdotique, car responsable de pertes économiques considérables.
Les principaux signes cliniques sont :
- des métrites récurrentes et difficiles à traiter
- des retours en chaleur et de l’infécondité
- la naissance de veaux faibles ou mort-nés
Des avortements peuvent également être observés. L’ARSIA le met en évidence en moyenne dans 3 % des fœtus avortés, ce qui positionne la fièvre Q dans le top 5 des causes d’avortements bovins.
Par contre, chez les petits ruminants il s’agit de la 1ère cause d’avortements et des flambées y sont fréquemment observées.
Transmission
La contamination se fait essentiellement par voie aérogène, en inhalant des poussières contaminées. Les tiques peuvent être un vecteur mais cela reste anecdotique. De même l’ingestion de lait cru contaminé, jouerait un rôle possible mais négligeable, selon les experts.
Les produits d’avortement et de mise-bas ( placenta, avortons, arrière-faix, … ) des ruminants domestiques constituent la source principale de Coxiella burnetii, suivie des matières fécales des animaux infectés et donc leurs fumiers.
La bactérie est particulièrement résistante dans le milieu extérieur et à la dessiccation, la chaleur et aux principaux désinfectants. Les temps secs et venteux favorisent sa propagation via les poussières.
Diagnostic
Il est possible de savoir si votre exploitation est exposée à la maladie, grâce à différentes méthodes simples et pratiques en plus du diagnostic réalisé d’office si vous l’avez sollicité suite à un avortement :
- Option 1 : Photo sérologique aléatoire ( test Elisa Ac sur au moins 20 bovins de plus de 12 mois tirés au sort )
- Option 2 : Photo sérologique ciblée ( test Elisa Ac sur au moins 10 bovins ayant présenté des signes cliniques suspects de fièvre Q )
- Option 3 : Lait de tank ( test Elisa Ac ou PCR )
Si votre exploitation est exposée à la maladie, prenez contact avec votre vétérinaire d’épidémiosurveillance. De nombreuses mesures de contrôle de la maladie sont disponibles afin de limiter son impact sur vos animaux ainsi que les risques de contamination humaine.
Chez les humains
Dans 60 % des cas, l’infection est asymptomatique mais dans 35 % des cas, la forme aigüe de la maladie se développe avec généralement des manifestations bénignes ( syndrome grippal ) mais aussi une faible proportion de cas graves nécessitant une hospitalisation. Dans 5 % des cas, c’est la forme chronique de la fièvre Q qui s’exprime avec des conséquences parfois graves et accompagnées d’une fatigue chronique : fausses couches, endocardite, hépatite, pneumonie, méningite, … faisant de cette maladie une menace principalement ( mais pas uniquement ) pour les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies cardiaques ou immunodéprimées.
Selon une étude française récente, une minorité des professionnels de la santé associe la Fièvre Q à un risque élevé ! Alors qu’une autre étude belge montre que près de 60 % des vétérinaires praticiens ruraux en ont été infectés. Les éleveurs sont donc également fortement exposés et il est important d’y penser lors de toute visite médicale, si vous êtes confrontés à des problèmes de santé.
Épidémiologie
La fièvre Q est répartie uniformément sur le territoire wallon. Sur 6 000 exploitations bovines testées, 36% sont exposées à la maladie ( mères avortées séropositives ) et 10 % ( figure 1 ) ont diagnostiqué au moins 1 fœtus infecté ( PCR positif ). La fièvre Q est donc fortement prévalente ; informer le secteur pour connaitre et reconnaitre cette menace est indispensable afin de proposer au besoin les mesures de contrôle adéquates.
La fièvre Q est aussi une maladie qui s’achète! Lors de l’achat de bovins,
évitez cette situation en recourant au bouclier du «Kit Achat» proposé à l’ARSIA.
Vous voulez en savoir plus sur la fièvre Q ?
N’hésitez pas à lire notre livret !