Le couteau suisse de la traçabilité, de la recherche génomique
et de la certification sanitaire et alimentaire
L’ARSIA collecte et stocke de l’ADN de tous les veaux wallons, via le prélèvement auriculaire requis dans le contexte de la lutte BVD. "Pour notre association d’éleveurs, c’est maintenant ou jamais" insiste Christian Quinet, Directeur du département Laboratoire & Diagnostic.
En effet, une première raison d’être de ce projet d’envergure était le besoin d’une alternative à la pilothèque dont la gestion s’alourdissait et qui surtout n’était pas efficiente à 100 %.
Une seconde motivation était et reste la crise de confiance de consommateurs, véhiculée et exacerbée abondamment par les médias. C. Quinet rejoint C. Buyse, « à chaque scandale, l’éleveur est victime alors que ça se passe avant ou après lui ». Cependant, « la consommation de viande bovine ne diminue pas », selon des études belges. Le paradoxe est qu’il y a une érosion de la consommation des produits nobles et déplacement vers la consommation des produits transformés, ce qui est en soi une aberration car ce sont sur les produits nobles que les garanties sanitaires et de traçabilité sont les meilleures ! Enfin le citoyen mange de plus en plus « local » et cela vaut pour la viande en particulier.
En outre, certains de nos voisins européens se mobilisent ; la Suisse trace génétiquement et totalement la viande jusqu’à l’assiette du consommateur… mais depuis l’abattoir seulement, alors qu’en France, Angleterre, Irlande, des systèmes de traçabilité génétiques complets sont ou seront sous peu mis en place à l’échelon de filières ou du pays. Que fait la Belgique… ?! Depuis un an déjà, l’ARSIA développe et met en place l’outil qui pourra apporter d’avantageuses garanties additionnelles : la Biobanque.
L’éleveur, désormais partie prenante
de la traçabilité
Cette banque, dont l’objet est la conservation de l’ADN de l’ensemble du cheptel wallon prélevé à la naissance, rend de ce fait à l’éleveur « la main » sur sa production de viande. C’est pourquoi en 2018, le Conseil d’administration de l’ARSIA a décidé de pérenniser la boucle à biopsie indépendamment du plan BVD mais avec les adaptations techniques nécessaires, associée à la boucle électronique et tout en maintenant le prix actuel pour les éleveurs. Il en résulte un positionnement de la Wallonie à la pointe, en termes d’identification et de son exploitation «périphérique».
Le prélèvement de l’échantillon et l’identification de l’animal, réalisés à la naissance en un seul geste entraine un risque d’erreur nul et de fraude extrêmement faible. Le stockage de l’échantillon par congélation est aisé au vu du volume minimal et sa conservation, à toutes fins utiles, est longue.
La Biobanque devient ainsi le couteau suisse de la traçabilité, de la recherche génomique et la certification sanitaire et alimentaire, comme en attestent ses multiples possibilités d’exploitation, résumées dans le tableau ci-contre.
« la Biobanque n’est pas une finalité,
c’est un outil ! »
A la question posée « Les preuves pour garantir une viande belge sont-elles suffisantes ? », C. Quinet répond en proposant les contrôles échelonnés sur la ligne de vie et de commercialisation d’un bovin, explicites sur le schéma ci-dessous.
De nombreux partenaires, présents et futurs
Dans un souci de rationalisation des coûts et d’utilisation intelligente de cet outil polyvalent, l’ARSIA et l’Awé se veulent partenaires dans un futur proche pour une seule et même Biobanque, en copropriété. La DGZ, notre homologue flamand, aussi bien sûr, pour rendre le projet national. Se tissent également des relations avec Belbeef, la Région Wallonne, la grande distribution ( COMEOS ), les universités, l’Apaq-W, et d’autres…
… Et le financement ?
Tout cela a un coût et l’éleveur ne doit en aucun cas le porter seul. Il faut pouvoir répartir ces frais à chaque étape depuis la boucle à biopsie jusqu’à l’utilisation en passant par le stockage… Tout le monde est concerné, le consommateur y compris. Des financements publiques seront naturellement opportuns. Calculs faits, rapportés au kg de viande, il faut compter 6 à 7 centimes. « Si on compare le prix d’un contrefilet BBB avec la même pièce, mais irlandaise… cette dernière l’emporte avec 10 € de plus au kg ! C. Quinet pose la question, « la plus-value qu’apportera la Biobanque ne vaut-elle pas ces quelques centimes de plus… ? ».
Quant à la propriété de l’échantillon, que le lecteur se rassure, l’ARSIA la prend en considération et réfléchit à la meilleure manière de concilier respect individuel des données et service à l’élevage tout entier.